Désormais il avait cessé de paniquer à la vue des camionnettes d’expulsion…

« Lorsque Muchabbab l’a guéri de sa phobie de la police et des expulsions, le Bouc a vécu un bouleversement existentiel: il s’est mis à errer dans les rues de La Mekke pour explorer la ville à sa guise. 

Désormais, il ne ressentait plus le besoin de se cacher et avait cessé de paniquer à la vue des camionnettes d’expulsion […] et il se sentait aussi libre que les grains de poivre noir qu’il aimait à faire éclater sous ses dents.

[…]

Ce qui le stimulait le plus, c’était de sortir de son périmètre familier pour aller visiter les marchés de la périphérie et s’abandonner à la cohue de cette foule bigarrée, où coexistaient toutes les nationalités. Il avait l’impression de s’y fondre comme s’il était mastiqué par une mâchoire géante. Il se délectait d’offrir son corps à cette pâte humaine qui le bousculait et le portait. Il ne levait jamais les yeux pour dévisager quiconque, ayant compris qu’il était habité par des fragments de ces corps. » 

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Extrait du roman de la Saoudienne Raja Alem, « Le collier de la colombe », traduit de l’arabe par Khaled Osman, Stock (La Cosmopolite), 2012, réédité en poche Points, 2014.

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