Chutes de mur

« L’ancienne icône communiste [Nadia Comaneci, après sa fuite à l’Ouest] s’éclipse, tandis que, dehors, son procès suit son cours. À moins qu’en réalité, tout ça ne soit un service funèbre. Celui d’un monde, qu’on a appelé un bloc, protégé d’un rideau de fer rouillé. […]
savantes chimistes surdouées en chignon strict, poétesses recluses et persécutées, sportives gymnastes élastiques, limpides enfants malicieuses et surpuissantes. Tout ceci est terminé, car voilà la transparence, la perestroïka, qui annonce, comme échappées d’un cauchemardesque miroir, toutes celles qui sont devenues comme les autres, nous autres. Putes affamées, mères miséreuses et hagardes, ternes adolescentes converties aux refrains d’une pop libérale, top-magouilleuses-businesswomen-modèles, maladroitement avides de laisser derrière elles un monde échoué, qui, ce 19 décembre 1989, chute, en boucles télévisées interrompues toutes les dix minutes par la promesse d’une haleine plus fraîche. »Ouvrières aux avant-bras dorés, paysannes souriantes sous leurs fichus à fleurs,

Extrait de « La petite communiste qui ne souriait jamais », roman de Lola Lafon, Actes Sud

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