Un homme idéal

Vu au cinéma « Un homme idéal », film de Yann Gozlan, avec Pierre Niney, Ana Girardot

L’argument:
Mathieu Vasseur a 25 ans et rêve de devenir un écrivain reconnu. Il envoie ses manuscrits à des maisons d’édition qui sont à chaque fois rejetés. Parce qu’il faut bien gagner sa vie, il travaille pour la société de déménagement de son oncle. Alors qu’il œuvre chez un ancien soldat de la guerre d’Algérie, il tombe sur

le journal du défunt. Le texte est fort et beau: Mathieu décide de s’en emparer et de le faire publier sous son nom. Le succès du livre est fulgurant et lui permet de rencontrer Alice, une jolie jeune femme de la haute-bourgeoisie. Trois ans plus tard, alors que son éditeur le presse de rendre son nouveau livre, Mathieu est harcelé par un maître-chanteur…

Mon avis:
Alléché par la bande-annonce (un film dont le personnage principal est écrivain, ça me concerne forcément un peu) et par les thèmes qu’elle laissait entrevoir (un film dont le personnage principal est un imposteur, ça me conc… euh, qu’est-ce que je raconte? 😉), j’y suis allé pour voir, et j’ai vu…
Pas grand chose à dire sur la réalisation: on dirait un téléfilm pour soirée-plateau pré-suicidaire devant TF1 – laquelle, surprise… co-produit le film. Les acteurs sur-jouent un peu, excepté Ana Girardot, excellente dans le rôle d’Alice, et Marc Barbé dans un très bon second rôle (le maître-chanteur).
Côté scénario, Il y a un effort louable de dessiner un personnage d’écrivain peinant à se faire publier. Même si les refus qu’il essuie sont peut-être dus à la cécité de l’édition (dépeinte comme un monde plutôt superficiel de cocktails, de promotion et de flambeurs pressés d’engranger leurs bénéfices), les extraits entrevus de son travail personnel laissent plutôt penser qu’on est en présence d’une tragique absence de talent.

Là où le film agace, c’est dans son idéalisation à outrance de l’écrivain à succès, dont la réussite serait une porte d’entrée dans le monde des femmes belles, intelligentes et riches: l’aura d’écrivain de Mathieu Vasseur lui permet de séduire en trois secondes une jolie conférencière capable de gloser une heure durant de l’esthétique chez les Grecs. Coup de chance, celle-ci se trouve être de surcroît l’héritière d’une riche famille de grands-bourgeois avec avoirs, manoir et pateaugeoire, et y amène le prolétaire élu de son coeur où il est accueilli à bras ouverts par des parents trop heureux d’héberger un grand écrivain.
Pour nous faire avaler ça, on nous explique que la conférencière est tombée raide dingue de son style (qui, pour ceux qui suivent, n’est pas le sien mais celui de l’auteur qu’il a plagié). Le problème, c’est que si Mathieu (auquel Pierre Niney prête son physique de jeune premier, transfuge de la Comédie-Française) est plutôt beau garçon, le pauvre est manifestement incapable d’aligner trois mots ni l’ombre d’une pensée. Les critiques négatives sur le film ont déploré – à juste titre – le côté abracadabrant de la seconde partie du film, menée à la façon d’un thriller. Pour moi, la véritable invraisemblance est plutôt dans la question suivante: comment diable cette femme, présentée comme une lectrice exigeante à qui on ne la fait pas, ne se serait-elle pas rendu compte que le niais décérébré avec qui elle partage sa vie ne peut en aucun cas être l’auteur du texte flamboyant qui l’a décidée à succomber à son charme??? 😳

Copyright Khaled Osman (mars 2015)

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