Abondance

«  »C’était impressionnant, cette abondance pour vous?
– Bien sûr. Vous savez, la première fois que ma mère est venue à l’Ouest, c’était dans une banlieue du New Jersey, eh bien, elle a pleuré dans les allées du petit supermarché. »
Je cherche à comprendre. Pleurait-elle de joie, Stefania [la mère de la gymnaste-prodige roumaine Nadia Comaneci], devant l’émotion de ces nouveaux choix, le fait même d’avoir le choix, et Nadia me coupe la parole, presque brutale. Le dégoût de cet amoncellement absurde, me corrige-t-elle. La tristesse de se sentir envahie de désir devant tant de riens: « Chez nous, on n’avait rien à désirer. Et chez vous, on est constamment sommés de désirer. » »

Extrait de « La petite Communiste qui ne souriait jamais », Lola Lafon, Actes Sud

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