Il voudrait se rapprocher du chêne pour s’envoler

Il est en train de se passer quelque chose avec La Demeure du vent, le nouveau roman de Samar Yazbek, puisqu’il y a encore une superbe critique, cette fois signée de Lucien d’Azay dans le magazine TRANSFUGE (extrait):

« Secret, marginal et indiscipliné à l’école, Ali est un « malgré lui », pour reprendre l’expression qui désignait les Alsaciens incorporés de force dans la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale: on l’a enrôlé contre son gré dans l’armée syrienne alors que son frère, pulvérisé par un obus, a déjà été victime du conflit.
Et le voici désormais gisant au sol, blessé à son tour par une bombe qu’il a vue tomber d’un avion qui tournoyait dans le ciel; couvert de sang, il se demande où il est touché et constate qu’un de ses pieds n’a plus de talon – symbole de sa vulnérabilité. II se souvient de la « Demeure du vent », un sanctuaire près de Lattaquié où il se réfugiait avec Nahla, sa mère, et dont il aspirait à devenir le gardien.
Il voudrait se rapprocher du chêne qui s’y dressait pour en étreindre le tronc, s’accrocher à ses branches et s’envoler, ultime échappatoire, mais, pareilles à la vermine qui va le dévorer, ses hantises le rattrapent avant qu’il n’atteigne son but.
Au fil des réminiscences, les visions kaléidoscopiques s’enchaînent comme dans une procession où les ascètes soufis côtoient les milices et les services secrets du régime. »
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La Demeure du vent, Samar Yazbek, (trad. Ola Mehanna et Khaled Osman), collection La Cosmopolite, Stock, janvier 2023.

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