Tombé au saut du lit sur la Matinale de France-Culture, qui donnait la parole à un de ces jeunes philosophes qui n’ont jamais l’occasion de s’exprimer dans les médias: oui, vous aurez reconnu sans peine [le pauvre] Alain Finkielkraut, que la Matinale n’avait pas invité depuis deux bons mois.
L’intérêt des jeunes philosophes, c’est qu’ils sont beaucoup plus agiles dans le maniement des concepts. Là où leurs aînés sont souvent gagnés par la démence et l’hystérie, eux ne souffrent guère de ces maux, ça non. La preuve, Finkielkraut a réussi en direct un très beau triple salto arrière sur la notion d’assimilation.
Pour lui, ce concept n’est absolument pas un vestige de l’approche (post)coloniale qui visait à dissoudre l’identité de l’Autre, à en faire disparaître purement et simplement les indigestes grumeaux. Au contraire, il faut comprendre le terme « assimilation » comme la chance – que dis-je, l’aubaine – qui était offerte aux nouveaux venus… d’assimiler la culture française.
Essoufflé moi-même par cet exploit sportif, je n’étais plus en état de tourner le bouton de ma radio. Ce n’est que lorsque Brice Couturier a commencé ainsi sa question: « Ce qui frappe dans la violence intellectuelle dont vous êtes la victime, … » que j’ai pu mobiliser assez d’énergie pour changer de station.
Copyright Khaled Osman (novembre 2015)