Aux plus offrants

Lu sur le site « Le Partage », le [fort] texte de la militante et écrivaine indienne Arundhati Roy, repris de sa préface à l’ouvrage de Noam Chomsky, « Pour raisons d’État ». Extrait:

« Tout le monde sait que les régimes autoritaires, indépendamment de leurs idéologies, utilisent les mass-médias pour leur propagande. Mais qu’en est-il des régimes démocratiquement élus du «monde libre»?

Aujourd’hui, grâce à Noam Chomsky et à ses [confrères] analystes des médias, il est presque évident pour des milliers, voire des millions d’entre nous que l’opinion publique dans les démocraties «d’économie de marché» est fabriquée comme n’importe quel autre produit du marché de masse — savon, interrupteurs ou pain en tranches. Nous savons qu’alors que, légalement et conformément à la constitution, la parole peut être libre, l’espace dans lequel cette liberté peut être exercée nous a été volé, et a été vendu aux enchères aux plus offrants.

Le capitalisme néolibéral n’est pas simplement une affaire d’accumulation de capital (pour quelques-uns). C’est aussi une affaire d’accumulation de pouvoir (pour quelques-uns), d’accumulation de liberté (pour quelques-uns). Inversement, pour le reste du monde, les personnes qui sont exclues du conseil d’administration du néolibéralisme, c’est une affaire d’érosion de capital, d’érosion de pouvoir, d’érosion de liberté.

Dans «l’économie de marché», la liberté de parole est devenue un produit de base comme un autre — la justice, les droits de l’homme, l’eau potable, l’air pur. Seuls ceux qui ont les moyens de se l’offrir peuvent en bénéficier. Et, naturellement, ceux qui peuvent se le permettre utilisent la liberté de parole pour fabriquer le genre de produit, le genre d’opinion publique qui convient le mieux à leur objectif. »

Copyright présentation Khaled Osman (novembre 2015)

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