Rock the Casbah

Vu au cinéma, « Rock the Casbah », film de Leïla Marrakchi.
Après la mort d’un riche homme d’affaires marocain, ses trois filles se retrouvent dans sa magnifique demeure tangéroise pour pleurer son départ en compagnie de leur mère. Derrière la façade où on se lamente sur les mille vertus du patriarche, sa disparition va très vite délier les langues.

Autour de Hiam Abbas – impériale comme à son habitude – en veuve éplorée, Laïla Marrakchi a réuni un trio d’actrices assez réjouissant: Lubna Azabal en institutrice coincée dans une foi frisant la bigoterie, Nadine Labaki en épouse frustrée obsédée par sa séduction, et enfin la jeune Morjana Aloui en actrice qui a « réussi à Hollywood » (dans des rôles de terroriste islamique). Leurs retrouvailles sont l’occasion de scènes brillamment dialoguées où alternent disputes et éclats de rires.
Toutes ces femmes gravitent autour du fantôme du mari et père disparu, que la réalisatrice a eu la bonne idée de ressusciter pour en faire le récitant de son histoire (excellente prestation de « monsieur Omar Sharif », comme il est crédité au générique).

Le film nous transporte dans le Maroc somptueux qu’incarne cette demeure d’apparence paisible où se mêlent les rituels sacrés (les cérémonies de funérailles) et profanes (les repas en famille, l’heure du thé à la fleur d’oranger). Cet art de vivre lumineux contraste avec une certaine noirceur cachée, découverte à l’occasion d’une virée dans la nuit tangéroise. Le bel ordonnancement auquel on avait assisté jusque-là va alors être dynamité par la révélation de quelques secrets de famille explosifs.

Si le propos féministe de Laïla Marrakchi, subtilement nuancé par le recul ironique qu’elle prend sur ses personnages féminins, vise juste, c’est un peu moins vrai de sa critique du machisme, où la nécessaire dénonciation de certains travers propres à la société arabe voisine avec des comportements qui relèvent davantage de la page des faits divers, hélas tristement universelle. Cela n’enlève rien à la réussite de ce film très revigorant…

Copyright Khaled Osman (septembre 2013)

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